Une professeure des écoles déchirée : pourquoi j’ai choisi l’école à la maison après une décennie dans l’Éducation nationale

Après 10 ans à enseigner avec passion dans le public, cette institutrice a fait un choix radical : scolariser ses enfants à domicile. Son parcours étonnant interroge les limites du système scolaire traditionnel et ouvre un débat essentiel sur l'épanouissement des élèves.
Un dévouement total… jusqu’à la limite du burn-out
Maggie Monroe ne rejette pas le principe de l’école. Cette mère de famille défend même ardemment l’idée d’un système éducatif public performant. Pourtant, derrière cette position apparemment sans concession se cache une tout autre vérité : selon elle, l’institution scolaire actuelle ne répond plus aux besoins de nombreux élèves… ni à ceux des professeurs.
Elle parle en connaissance de cause. Après des années à enseigner, elle a connu les corrections tardives, les dîners oubliés, le stress permanent. Son témoignage est éloquent : elle en est venue à connaître si bien le veilleur de l’établissement qu’ils échangeaient régulièrement le soir. Un détail qui illustre bien le sacrifice – parfois excessif – que font de nombreux enseignants.
Une machine éducative en panne
Pour Maggie, les difficultés ne viennent pas des individus, mais du système lui-même. Elle décrit une structure figée, résistante à tout changement profond. Dans sa pratique, elle a observé des élèves submergés par le travail personnel, en manque chronique de repos, victimes d’un emploi du temps incompatible avec leurs besoins physiologiques. « Nous exigeons des résultats, mais nous leur refusons le droit de se reposer et de grandir normalement », constate-t-elle amèrement.
La liste des problèmes ne s’arrête pas là. Elle mentionne également le manque criant d’assistants pédagogiques, les classes surpeuplées, les réformes successives mal préparées et une hiérarchie souvent déconnectée des réalités des salles de classe. Conséquence ? Une institution qui échoue à garantir non seulement des apprentissages solides, mais aussi et surtout l’épanouissement personnel des jeunes.
L’instruction en famille : un compromis salvateur
Devant ce tableau préoccupant, Maggie a pris une décision radicale : se charger elle-même de l’éducation de ses enfants. « Ce n’était pas la solution parfaite, mais la seule viable dans notre situation », explique-t-elle. À domicile, elle a pu personnaliser les enseignements, privilégier la compréhension profonde plutôt que la quantité de connaissances, et surtout préserver l’équilibre émotionnel de sa famille.
Pourtant, elle reste réaliste : l’école à la maison n’est pas accessible à tous. Elle nécessite des ressources, une disponibilité constante et une discipline de fer. Et même avec toute la bonne volonté du monde, ses enfants ont dû renoncer à certains aspects irremplaçables de la scolarité traditionnelle, comme la richesse des interactions sociales ou les activités de groupe.
Quelle suite pour son parcours ?
Aujourd’hui, alors que ses enfants approchent de l’âge adulte, Maggie envisage de reprendre son métier d’enseignante. Mais une interrogation persistante la trouble : comment retrouver sa motivation dans un système qu’elle estime toujours aussi dysfonctionnel ? Pour elle, enseigner va bien au-delà de la transmission de savoirs – c’est une foi dans l’avenir de l’institution scolaire. Et pour y parvenir, il faudra bien plus que des ajustements cosmétiques : une révolution complète des mentalités éducatives, qui remette enfin l’apprenant – et le formateur – au centre des préoccupations.
L’histoire de Maggie est à la fois édifiante et révélatrice. Elle expose sans fard les lacunes d’un modèle scolaire qui, malgré les efforts individuels, semble inadapté aux défis contemporains. Et si, finalement, la refonte de l’école devait commencer par donner la parole à ceux qui la font vivre au quotidien ?