Paul Alexander, 70 ans dans un poumon d’acier : le combat silencieux d’un survivant de la polio

L'héroïsme se cache parfois là où on ne l'attend pas. Atteint par la polio dans son enfance, Paul Alexander a passé sept décennies enfermé dans un respirateur métallique, prouvant qu'une vie extraordinaire peut naître des épreuves les plus insurmontables. Son parcours force l'admiration.
À 6 ans, son destin prend un tournant dramatique
Dallas, 1946. Paul est un enfant plein de vie jusqu’au jour où tout bascule. Il se précipite vers sa mère en se plaignant de malaise. En quelques jours, la fièvre monte, les forces l’abandonnent, puis vient l’horreur : impossible de déglutir ou de respirer normalement. Le diagnostic est sans appel – poliomyélite. À cette période, cette maladie terrifiante frappe des milliers d’enfants. Transporté d’urgence, Paul se retrouve enfermé dans une imposante machine métallique : le fameux « poumon d’acier ».
Trois jours dans le coma, un réveil bouleversant
Quand il reprend conscience, le choc est immense. Autour de lui, des dizaines d’enfants immobilisés dans ces étranges cylindres métalliques. Paralysé, incapable de parler, il se demande s’il n’est pas dans l’au-delà. « Suis-je devenu un ange ? » pense-t-il. Mais non, Paul est bien vivant – et il va le prouver de façon extraordinaire.
L’un des derniers survivants dépendants du poumon d’acier
Ce poumon artificiel, conçu en 1928, devient son deuxième corps. D’abord en permanence, puis quotidiennement, cette machine lui permet de respirer malgré la paralysie. Une dépendance totale qui aurait pu briser n’importe qui. Mais pas Paul.
Son secret ? Transformer chaque obstacle en défi
À une époque où le handicap faisait peur, Paul choisit de repousser toutes les limites. Avec l’aide d’une kiné inventives, il maîtrise la « respiration glossopharyngienne » (dite « de grenouille »). Sa récompense pour tenir 3 minutes hors du poumon ? Un adorable chiot. Ce premier succès en appelle d’autres…
Un parcours scolaire hors norme
Malgré les sceptiques, Paul entre dans l’histoire comme le premier lycéen de Dallas à décrocher son bac… sans avoir mis les pieds en classe ! Il poursuit à l’université, puis en faculté de droit. « On m’a dit que mon handicap était rédhibitoire », confie-t-il. Rien n’y fait : il devient avocat et exerce pendant trois décennies, plaidant depuis son lit médicalisé.
Une existence qui défie l’imagination
Auteur d’un livre rédigé avec un stylo adapté, globe-trotter insatiable, étudiant passionné – Paul emmène son poumon d’acier partout. À la fac, en résidence universitaire… Son charisme et sa ténacité fascinent. Quand sa machine menace de l’abandonner, une vidéo YouTube mobilise une communauté qui déniche les pièces rares dans des brocantes improbables.
Mars 2024 : son dernier souffle, mais pas sa dernière parole
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À 76 ans, Paul nous quitte. Mais son héritage, lui, reste bien vivant. Son frère Philip garde en mémoire un être exceptionnellement drôle, tendre et obstiné. Un frère ordinaire… qui a vécu l’extraordinaire.
Son histoire nous murmure une vérité essentielle : on peut être prisonnier d’un tube métallique et demeurer infiniment libre.
La vraie force ? Croire, contre vents et marées, que l’impossible n’existe pas.